C’est une communauté de micro-organismes ( bactéries, virus, champignons, …) qui colonise cet organe, tout comme il existe des microbiotes pour la peau, la bouche, les yeux, le nez, la gorge, l’intestin, la vulve, le pénis,…
Nos microbiotes sont le reflet de notre patrimoine génétique, nos habitudes alimentaires, notre style de vie, notre stress, notre âge, notre hygiène, nos médicaments consommés (antibiotiques, anti-infectieux), nos partenaires sexuels fréquentés, …
Chaque femme possède son propre profil de microbiote vaginal. Par leurs actions biologiques diverses, les composants de ce microbiote participent activement à notre vie de chaque seconde, à travers notre métabolisme et nos défenses immunitaires.
Cet équilibre s’établit entre ces communautés de germes et les autres tissus du corps de chaque femme. Il évolue tout au long de la vie et commence dès notre naissance par la transmission des microbiotes de la mère à son enfant.
Tous ces micro-organismes du vagin ne sont pas toxiques pour notre intimité, au contraire, ils sont protecteurs. La bactérie dominante s’appelle lactobacille, elle représente 90 à 95 % des troupes. Elles produisent de l’acide lactique à partir du glycogène sécrété par les cellules de nos muqueuses, ce qui permet de garder un niveau d’acidité nécessaire pour tuer illico presto les intrus. Ils produisent également de l’hydrogène péroxydé qui est une véritable arme chimique anti-infectieuse naturelle contre les gonocoques, l’HIV et le papillomavirus. Un biofilm protecteur est également secrété par ces bactéries pour empécher des streptocoques, staphylocoques ou candida albicans, qui vivent dans le vagin ou qui sont importés lors des rapports sexuels, de se fixer et de déclencher des infections ou mycoses.
Les milliards de virus que notre corps abrite au sein de multiples microbiotes ont très certainement un rôle sur la régulation des populations de bactéries et sont l’avenir de la recherche scientifique.
Mais cette symbiose peut se rompre par l’agression de micro-organismes étrangers ou de dérèglements en cascades à l’origine de cystites, mycoses (ou candidose), infections,… Il faudra alors corriger les défauts quantitatifs ou qualitatifs des acteurs de ce microbiote pour rétablir un équilibre gagnant-gagnant et préserver la paix dans notre vagin. Ceci en corrigeant des habitudes de vie néfastes (tabac, cannabis, stress), en modifiant son hygiène intime et/ou ses excès, en utilisant un outil thérapeutique de poids que sont les probiotiques qui donneront un coup de pouce pour rétablir les troupes de défense.
Le sujet peut paraitre extravagant pour les femmes qui connaisse le silence merveilleux de leur vagin ou le plaisir des rapports sexuels épanouis mais il est primordial à d’autres qui supportent la douleur sans oser parler de leurs cystites à répétitions, de leurs mycoses obsédantes, de la peur de faire du vélo, de l’appréhension d’avoir des rapports sexuels par crainte d’une nouvelle infection ou d’une nouvelle crise.
Si vous êtes sujette à ses désagréments, il vous faudra d’abord identifier votre agresseur ou agression et établir un plan d’attaque le plus ciblé possible. Une guerre acharnée à coup d’antibiotiques et d’anti-infectieux ( antifongiques et antiviraux) n’empêchera pas les récidives et votre microbiote vaginale en fera les frais en subissant parfois plus de dégâts que le microbe lui-même en aurait provoqué.
Sources : Microbiote vaginal – Rica Etienne & Dr Jean-Marc Bohbot