Intimité féminine en péril

Les bons gestes pour protéger son microbiote

Le bon équilibre de son microbiote vaginale et vulvaire est préservé par une hygiène intime adaptée. L’idéal est de se laver une fois par jour et maximum deux fois par jour, en gardant cette habitude même pendant les régles.

La toilette ne doit être qu’externe, il est inutile de faire des douches vaginales même à l’eau seule. Le vagin est un organe « autonettoyant ». Les gants de toilette sont à bannir pour l’hygiène intime, ce sont des nids à microbes.

Tout est dans la manière de faire mais comment faire?

Il est intéressant de se nettoyer d’abord à l’eau avec les mains, toujours d’avant (pubis) vers arrière (rectum et pli inter-fessier) puis en douceur avec un produit d’hygiène intime ( les savons classiques ont une tendance à dessécher la vulve) sans frotter. Vous pouvez ensuite vous rincer à l’eau et sécher délicatement avec une serviette propre.

Pour préserver le film hydro-lipidique naturel de la vulve, il est utile de boire régulièrement toute la journée (1,5 L). Ces conseils sont valables à tous les âges de la vie d’une femme, de l’enfance à la ménopause. Une flore équilibrée témoigne par un vagin et une vulve « silencieux » sans symptômes.

Les signes d’un déséquilibre de la flore

-Les sécrétions ou « pertes » du vagin sont naturelles et évoluent au cours du cycle. Si vous ne prenez pas de contraception, elles seront plus abondantes au milieu du cycle. Lorsque l’abondance , la couleur et l’odeur différent des cycles précédents, il y a un problème quelque part. Il faudra alors consulter.

-Les brulûres, démangeaisons, pertes, douleurs pendant les rapports sexuels doivent vous inciter à consulter.

Les gestes à éviter

-Les tampons et serviettes en contact direct avec la muqueuse vaginale et vulvaire doivent être changés tous les 3 ou 4 heures. Le contact de nos muqueuses avec ces protections n’est pas anodin. Si vous vous intéressez à leur composition, il y a de quoi avoir des sueurs froides. Sachez qu’il existe aussi l’alternative des protections hygièniques lavables qui sont hypoallergéniques, facile à laver, belles, colorées et durables. Ça fait du bien pour le porte-monnaie, pour notre corps et ce qui est mieux pour notre corps l’est aussi pour notre planète. Je les utilise et j’en suis très contente ! Il existe 2 marques sur le marché français Dans ma culotte et Plim.

-L’épilation doit être raisonnable, notre pilosité protège des irritations vulvaires d’origines mécaniques (frottements des tissus, des protections, pendant les rapports sexuels).

-Si vous souffrez d’irritation ou d’infection vulvaire, continuer à vous lavez de la même manière. Surtout pas d’hygiène excessive, souvenez-vous que votre film hydrolipidique en souffrira. Surtout ne vous jetez pas sur l’antimycosique, l’antibiotique ou l’ovule anti-infectieux qui trainent au fond du placard à pharmacie. Évitez l’automédication et consultez un professionnel qui sera pour aiguiller vers la meilleure méthode.

-N’utilisez pas de produits antiseptiques pour votre toilette quotidienne ni de déodorant intime qui peuvent déclencher des réactions allergiques.

– Attention humidité, chaleur et champignons font bons ménages. Si vous êtes sujette aux mycoses, changez de sous vêtements après une baignade à la piscine/plage ou si vous souffrez de fuites urinaires pour ne pas être dans l’humidité trop longtemps.

-Le tabac est le pire ennemi de votre flore vaginale.

En cas de prise d’antibiotique, n’arrêtez pas le traitement avant la fin de ce qu’il est préconisé par le prescripteur. Le risque est de renforcer la résistance de cette bactérie. Une forte dose d’antibiotique tue toutes les bactéries ou presque tandis qu’une faible dose favorise la mutation de son ADN durablement et le rend résistant au traitement. Si le médecin prescrit à nouveau ce traitement, il risque d’être inefficace et vous pouvez contaminer d’autres personnes pendant ce temps.

Les probiotiques

En cas de déséquilibre de la flore intime ou de prise d’antibiotique, les probiotiques peuvent aider vos troupes de lactobacilles à se renforcer.

Pour la plupart des troubles gynécologiques,

Lactobacillus crispatus, Lactobacillus rhamnosus, Lactobacillus plantarum, Lactobacillus reuteri

Ont fait cliniquement leurs preuves.

Attention, ils sont différents des probiotiques intestinaux puisque les microbiotes ne sont pas les mêmes. Il est bien de préférer les produits vendu en pharmacie, contenant une seule souche (pour éviter toute compétition entre les souches), par ovule (voie vaginale) et contenant au moins 108  voir 10 bactéries.

Les probiotiques n’ont pas d’effets secondaires et peuvent être utilisés par les femmes enceintes. Plus les symptômes et les récidives du trouble sont importants, plus les cures de probiotiques seront importantes. Ils peuvent être pris sur de longues périodes à raison d’une semaine par mois.

Quand la ménopause pointe le bout de son nez, il est intéressant de faire des cures de probiotiques vaginaux une à deux semaines par mois dès que les symptômes de la préménopause apparaissent.

 

Sources : Microbiote vaginal – Rica Etienne & Dr Jean-Marc Bohbot    &     Photos sur allodocteurs.fr « La vulve parfaite n’existe pas »